Le dragon poussa un hurlement assourdissant, faisant vibrer les stalactites accrochées au haut plafond de la caverne.
Empoignant fermement son épée, le casque bien enfoncé sur la tête, Gil’Eritanias s’avança d’un pas décidé, tentant de faire taire son estomac qui rechignait a subir autant de stress. Le héros, ici, c’était lui, et il était bien décidé à le prouver.
La bête leva lentement la tête, prenant une de ces grandes inspirations qui ne présagent rien de bon, surtout quand on combat des dragons.
Le cône de feu, violent et dévastateur, fit rougir les pierres alentour, couvrant le reste d’une épaisse suie couleur de nuit. Peu de choses peuvent provoquer la colère d’un dragon et espérer y survivre…
La fumée commença à se dissiper, révélant le sourire triomphant de l’elfe qui abaissait son épais bouclier, encore luisant de magie. Le véritable combat pouvait commencer…
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Parer, esquiver, frapper, puis encore frapper…
Le combat durait depuis ce qui semblait être une éternité. Dans un tourbillon de crocs et de lames, dragon et elfe se livraient un duel sans merci. Le choc de l’acier contre les griffes faisait jaillir des étincelles, auxquelles se mêlaient les sortilèges lumineux de la créature, seules traces de lumière dans cette grotte possédée par les ténèbres.
Esquivant une énième attaque de la bête, l’elfe profita d’une ouverture pour se glisser sous sa garde, priant pour que celle-ci oublie un instant son souffle de flamme, et plongea son épée de toutes ses forces dans le cœur du dragon, lui arrachant un hurlement alors que le feu mourrait dans sa gorge.
Tandis que le monstre s’effondrait lourdement, le guerrier s’écarta, se laissant envahir par un sentiment de triomphe, de joie, de puissance. Il avait vaincu a lui seul un terrible dragon noir, une de ces bêtes qui font trembler de peur les plus puissants soldats.
Il l’avait vaincu, seul, usant de sa seule force et de la protection d’Elune.
Il était a présent un héros, un elfe que tous les siens reconnaîtraient comme le plus courageux des combattants.
Il était…
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… encore endormit à son poste, comme cela arrivait si souvent depuis qu’on lui avait « confié » la surveillance de cette crypte…
Jurant intérieurement, Gil’Eritanias remit son casque en place, et se redressa en s’appuyant sur sa lance.
Il était entré chez les gardes du cercle de Cenarius parce qu’il voulait protéger les enseignements des druides, lui qui saisissait certains de leurs secrets.
Toute son enfance, il s’était entraîné dans l’idée de devenir un héros, parcourant le monde, défiant dieux et démons, au service de la Nature.
Et aujourd’hui, son rôle « héroïque » était de surveiller les antiquités qui étaient entassées dans cet endroit…
Oh, il y avait des objets magnifiques, et sans doute dotés de grand pouvoir : sceptres, grimoires, bâtons, épées… tout ce que les druides conservaient, que ce soit comme souvenir d’une époque perdue, ou artefacts dont ils cherchaient encore a saisir la puissance, se retrouvait ici, protégés par de puissants sortilèges, dont il était un des seuls a connaître le fonctionnement.
« Garde des Secrets »… un titre prestigieux, sans aucun doute, mais les cénariens auraient tout aussi bien fait de l’appeler, « Garde de l’Ennui », ou…
Un bruit !
A peine perceptible, mais il était sur d’avoir entendu le son d’une semelle foulant le sol de pierre. En y repensant, quelque chose avait bien du le tirer de son sommeil, en général ses rêves de gloire ne se terminaient que quand les prêtresses d’Elune venaient le remercier…
Bien sur, toujours avant le bon moment, ronchonna t’il en silence…
Un mouvement sur sa gauche !
Quelque chose était entré dans la crypte, venant sans qu’il s’en rende même compte de tous les sortilèges qui protégeaient l’entrée.
Resserrant sa prise sur sa lance, tenant d’ignorer le frisson qui venait de le prendre, il pointa son arme dans la direction du bruit.
- Je sais que vous êtes la ! Sortez, pendant qu’il en est encore temps, ou je devrais m’occuper de vous.
Plus un bruit, plus un mouvement.
Il espérait avoir rêvé, que son songe l’avait poursuivit quelques instants à son réveil, et déjà le soulagement se lisait sur son visage, quand un rire résonna dans la crypte.
Une sueur froide se glissant dans son dos, il vit deux yeux jaunes luminescents, apparaître dans l’ombre, la ou il pointait sa lance.
- Hu hu hu… Je vois que les gardes de Cenarius prennent leur travail très a cœur… je suis démasqué…
Une silhouette émergea des ombres, se plaçant devant le garde. Vêtu d’une longue robe noire décorée d’argent, l’intru portait aussi de sombre gants, et une capuche qui ne laissait apparaître que deux yeux jaune lumineux, ou le seul sentiment que l’elfe pouvait lire pour le moment était… de l’amusement.
- Reculez ! Vous n’avez rien à faire ici. En tant que Gardiens des Secrets, il est de mon devoir de protéger cet endroit, et vous ne m’avez pas l’air d’un visiteur…
Prononçant ces paroles, Gil’Eritanias reculait inconsciemment, assurant de ses mains qui devenaient moites sa prise sur sa lance, alors que l’intru avançait, pas à pas, vers lui.
- Tu ne comprends pas encore ? Si tu es encore en vie, c’est uniquement parce que j’ai voulu que tu découvres la mort éveillé. Tu n’es qu’un insecte, un jouet aussi inutile que ces sortilèges qui sont sensés protéger cet endroit…
D’un mouvement vif, il saisit la lance de l’elfe, tandis que son autre main s’élevait lentement au dessus de sa tête, s’auréolant d’une lumière rouge, couleur de sang, et de flammes.
- Ton rôle s’arrête ici. Heureux de t’avoir connu, héros…
Brisant le silence nocturne, le hurlement du garde s’éleva, déchirant de souffrance.
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Les cénariens ne purent reconnaître le corps de Gil’Eritanias qu’a l’insigne qui décorait sa poitrine…
Dans la crypte, à part les sortilèges rompus, rien n’avait été abîmé. Si ce n’est une chose, dont la compréhension glaça le sang des druides qui le découvrirent.
Dans une alcôve, un dôme de verre gisait brisé, sur le sol. Le support, un porte-épée, brillait part l’absence de ce que la chose qui devait supporter quelques heures a peine avant.
Sur un parchemin, accolé a celui-ci, on pouvait lire ce qui causait tant de peur, chez les druides qui l’avaient découvert : « Lamelune ».
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