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 Kaleban

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KalebanStern
Membre qui prend des vitamines
KalebanStern


Nombre de messages : 66
Date d'inscription : 24/02/2006

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MessageSujet: Kaleban   Kaleban EmptyVen 24 Mar à 19:07

Une chaleur accablante rendait les plaques d'armures aussi brûlantes que lors de leur forge. Tenir seulement la poignée de sa lame aurait été une torture, et il sentait grésiller le cuir qui recouvrait la poignée, l'arme pourtant placée dans un fourreau dorsal.

A ses côtés, Naëlcya essuya son front du revers de la main, grimaçant.

Au plus près de la lave, si loin des les profondeurs de cette antre de sauvagerie qu'était Blackrock, ils se tenaient tous deux. De sombres images dansaient derrière le regard du paladin, rappelée par la chaleur et les flammes qui s'enlaçaient à la surface du liquide fusionnel.

Malgré le vacarme, le murmure de la jeune femme parvint à dépasser la chape de plomb qui pesait sur les épaules du paladin.

- Le Livre, Kaleban..

Ecartant sa cape, le paladin souleva le pan d'une de ses sacoches et en tira l'ouvrage finement relié. Une couverture de métal ciselé, glyphée de runes complexes, pulsantes, malsaines... Une gueule de démon ouverte pour enfourner le monde entier dans sa gorge sans fond.

- Jette-le...
- Nul regard ne doit plus se poser sur ces pages...

La blonde paladine acquiessa.

A la grâce des Dieux... murmura-t-il en jetant l'ouvrage dans le lac de lave.

Curieusement, l'ouvrage sembla flotter un moment qui parut interminable, comme si même la lave pûre du coeur de Blackrock ne pouvait détruire cet artefact des Ténèbres. Puis de minces volutes de fumée s'en élevèrent, les flammèches s'emparèrent des pages parcheminées et l'ouvrage sombra, gresillant et disparaissant dans le liquide aux couleurs changeantes. Une cloque éclata quelques instants après là où le Libram avait sombré...

Les deux paladins reculèrent prudement..

- Notre dernière tâche consiste à en avertir Bénédictus..
- Celà peut attendre que nous nous reposions.. rappela Naëlcya.

Kaleban ne répondit que par un hochement de tête, et entreprit d'escalader la longue chaîne inhumaine qui leur avait permit d'acceder à ce poste parfait pour l'éxécution de leur oeuvre. La destruction du Libram préserverait Azeroth d'une menace supplémentaire... quel qu'en fut le prix.

Les deux paladins gardèrent les lèvres serrées jusqu'à leur séparation, aux portes de Stormwind.

======================================


Le visiteur avançait à grands pas sur le chemin détrempé. La pluie drue dardait celui-ci de flaques éparses, nid-de-poule et creux d'herbe folles transformées en océan pour fourmies. L'homme, silhouette imposante et inquiétante dans la pénombre préservée seulement par la lumière chiche quittant la masure par ses minces fenêtres, s'en protégeait d'un capuchon amplement rabbatu sur le visage, un épais voile d'étoffe détrempé par l'ondée.

Le bois grinça lorsque ses bottes s'arrêtèrent sur le seuil, devant la porte close, l'embrasure le préservant à peine des cieux qui se déversaient.

Une brutale quinte de toux retentit de l'autre côté, et arrêta la main qui venait de jaillir de sous le mantel ruisselant. Au loin, les cloches de l'Abbaye de Northshire sonnèrent la mi-nuit. La main gantée de métal se fit hésitante. Lentement, elle sembla vouloir retourner se blottir dans les tréfonds de ténèbres qui la dissimulaient jusqu'alors.. puis, dans un ultime sursaut de volonté, elle se projetta contre le ventail de bois et le frappa par trois fois.

Le silence des voix au delà, soudain.. laissant apparaitre le crépitement des flammes dans l'âtre, puis l'appel, empreint d'inquiétude.

- Qui va là ?

Une voix fatiguée de femme, desespérée, apeurée presque, et une nouvelle quinte de toux grasse qui s'ensuit, refoulée par celui qui n'a pu l'empêcher. Les deux habitants de la masure échange quelques mots à voix basse. Celle de l'homme est éraillée, sifflante.

Le coeur du voyageur se serre, si fort que sa propre voix déraille lorsqu'il parvient à prononcer : Ce n'est que moi... Mère.

La porte s'entrouve et la lumière aggresse un instant le visiteur. La femme se tient sur le seuil, un rouleau de fil de lin couleur ciel d'automne en main. Elle a tellement vieilli qu'il semble s'être passé vingt ans... Pourtant rien n'a changé, tout est toujours à la même place, et l'odeur lui fait monter les larmes aux yeux. Un instant, il se demande combien d'année ont véritablement coulées depuis qu'il a vu cet endroit pour la dernière fois.

Le vieil homme entre dans son champ de vision, et le temps assassin semble s'arrêter. Ce visage autrefois souriant, rond de rires et d'excès, désormais si pâle, creux. Cette silhouette d'homme, rompu aux travaux de forçat, ces muscles noueux, ces mains caleuses, disparus, emportés par les affres de la vieillesse... La maladie a emporté tout ce qui faisait les souvenirs, et n'a laissé que décharnement, des os à peines soutenus par de maigres réminiscences de force passée. Une robe de chambre cousue par les mains expertes de la femme passée par dessus les épaules, seuls ses yeux, bien que ternis, semblent garder l'expression que le visiteur leur connaissait.

Les regards se croisent, les yeux ne se lachent plus. Le rouleau tombe de la main de la femme et glisse sur le sol sans même qu'aucun ne le remarque.

- Je suis venu dès que j'ai su... parvint-il enfin à prononcer.

La femme étouffe un sanglot, le vieillard esquisse ce qui ressemble à un sourire. Elle s'écarte, et l'invite à entrer. Ils ne savent pas quoi se dire, mais n'ont plus vraiment besoin de se parler... Plus maintenant.

Elle s'approche du foyer, et met de l'eau sur le feu. Le vieillard s'assied dans un fauteuil grinçant. Sans un mot, le visiteur ôte son mantel détrempé et le pend au corchet de l'entrée, comme il le faisait si souvent autrefois, lorsqu'il rentrait de ses jeux enfantins. Il s'empare d'une couverture et vient la déposer sur les genoux du vieil homme. Un regard, un sourire échangé. Le crépitement des flammes emplit la pièce, et une odeur entêtante vient se mêler aux autres, celles de la vervaine. Elle faisait toujours ces tisanes de vervaine et d'herbes du lac.

Le regard du visiteur erre. Il s'empare d'un siège et l'amène près du vieil homme, qui ne le quitte pas du regard. Un portrait peint attire particulièrement son regard. Deux enfants aux visages si proches qu'on les croiraient nés d'un miroir, seulement différenciés par la couleur de leurs cheveux. Un garçon et une fille.

Le visiteur se tourne vers le vieil homme et l'interrogation se passe de mots.

- Hier.. siffle le vieil homme. Elle est venu hier.. Elle aide la garnison de Lakeshire.. Elle est de faction, ce soir.

Le visisteur hoche simplement la tête. Il espérait la voir elle aussi, elle lui manquait souvent.

- Tu n'aurais pas dû, reprend le vieil homme. Les risques..
- Ne t'épuise pas, père, tu es très faible.. Ta respiration..

Le visiteur fuit un instant le regard, et ramène une mèche de ses cheveux en arrière.

- Peu importe les risques, je devais être là..

La main du vieil homme vient attraper la sienne, malgré sa force oubliée, tremblante. Le visiteur la délaisse un instant pour ôter les gantelets de métal, et l'attrape entre les siennes. Il se souvenait de ces mains, puissantes, musculeuses. Il les avait craint, enfant, il les avait observé, au travail, lorsqu'elles soulevaient la lourde cognée... Il serre tendrement la main dans les siennes, et la porte à ses lèvres.

Les larmes lui viennent.. Mais cette fois, il ne fait pas l'effort de les refouler.

- Je suis prêt, tu sais.. Je suis prêt à y aller... J'ai fait mon temps, tu sais..
- Je sais, père.. mais.. J'aurais voulu..*
- Tu ne peux rien faire, fils.. rien.. J'ai fait mon temps, voilà tout.
- J'aurais voulu être là plus souvent..
- Tu as suivi ta voie.. Je suis fier de toi, je suis fier de vous deux.. Je meurs heureux, fils..

La femme apporta un grog brûlant et le posa sur la table, puis elle s'assit dans son propre fauteuil, reprenant son ouvrage. De temps en temps, elle levait les yeux et mère et fils échangeaient un regard où se mêlaient amour et compréhension... Elle était préparée, elle savait ce qui allait se produire.. Elle était forte, plus forte qu'il ne saurait jamais l'être, forte dans sa simplicité.. Il l'admirait pour celà.

Lui, son coeur et son esprit brûlaient de douleur alors que le vieil homme fermait les yeux, et plus les minutes passaient, plus sa respiration semblait faible. Il ne sentait plus les larmes glisser sur son visage, il ne les essuyait même plus. Il ne savait plus décrire les souvenirs qui lui remontaient à l'esprit... Etait-ce toujours ainsi lorsque l'on perdait un être cher ? Etait-ce toujours aussi douloureux ? Rien ne vous préparait à celà..

Un mince rayon de lumière filtra par delà les volets. L'aube approchait. Il se leva, il n'avait pas dormi. La mère avait fermé l'oeil, elle aussi, mais il doutait qu'elle eut fait autre chose que sommeiller. Il ouvrit les volets, la pluie avait cessé, ne laissant que boue et goutellettes pendues aux branches effeuillées.

- Père, le jour se...

Il se tut.. Il n'avait jamais vu une telle paix sur un visage. La femme se leva, elle avait compris, elle aussi. Il se regardèrent, et il vit les larmes dans son regard. Son coeur lui sembla exploser comme les cloques du lac de magma, hier... Comme tout celà semblait loin désormais... Sauver un royaume et perdre un père...

Il s'approcha et ses lèvres s'égarèrent sur le front du vieil homme.

- Repose en paix.. Où que tu sois, papa.. où que tu sois..

La porte s'ouvrit. Elle allait chercher le prêtre. Il lui donnerait les derniers sacrements et le corps serait brûlé afin de ne plus jamais se relever.
Il resta là, de longs instants, à le regarder, à le graver à tout jamais, puis il s'en fut...

Le chemin ne lui avait jamais parut si étranger, la forêt si glaciale et si manteau si peu chaud. Il tremblait sans pouvoir s'arrêter. Un banc de pierre au bord du chemin l'acceuillit lorsque ses jambes ne purent plus le porter.

Bizarrement, il se souvint que c'était ici qu'il venait les chercher, lui et sa soeur, lorsqu'ils rentraient de l'école au Northshire...

Le chagrin l'emporta sur la réserve. Le visage entre les mains, il pleura toutes les larmes de son corps...

Qu'est-ce qu'on peut bien faire... après ça ?
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KalebanStern
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MessageSujet: Re: Kaleban   Kaleban EmptyVen 24 Mar à 19:08

Une pluie âcre glissait sur l'épaisse cape de laine qu'ils lui avait jeté avant de le sortir du fourgon. Les cliquetis des chaines semblaient s'effacer face à la vigueur des éléments qui les traversaient tous. La clef tourna et le libéra des fers. Des fourmillements gagnèrent ses poignets, puis ses chevilles, à mesure que ses membres étaient libérés du métal qui le retenaient, entouré par cinq paladins en armure brillante, les tabards bleus se démarquant dans un univers gris et boueux.

Il affecta la plus grand indifférence lorsque le responsable pénitenciaire de l'Eglise le bouscula en se relevant et lui cracha au visage. Un gréffier s'avança, protégé de la furie des cieux par une ombrelle maintenue au dessus de sa tête par un novice au crâne tondu. Leurs costumes blancs étaient autant de rigueur qu'un costume de bouffon à un enterrement...

- Sur Ordre de la Très Sainte Inquisition de l'Eglise, approuvée par l'ensemble de l'Archevêché de Lordaeron, vous êtes condamné à servir dans le bataillon pénitenciaire, sous les ordres du Lord-Général Astramere, pour une durée inderterminée, ou jusqu'à ce que la mort vous libère de vos pêchés.

Le mot était lâché.. Après tant d'hypocrisie, il apprécia enfin qu'on lui annonce sa condamnation "à mort". L'évêque chargé de son jugement n'avait su que lui annoncer avec un sourire réjouit son départ pour le front. Trois jours étaient passés depuis, trois jours de pluie ininterrompue et de voyage dans la boue et les brimades. Chaque soir, ils le tiraient du fourgon pour l'étaler dans la boue, avec pour seule couverture un drap puant et détrempé, et le col enserré d'un collier de fer le reliant à deux paladins chargés de sa surveillance, et dormant chacun leur tour.

Comme s'il avait voulu leur faire la grâce de tenter de s'évader. Ils n'attendaient que celà, pour l'ouvrir en deux et le regarder se vider de son sang dans la bouillasse immonde...

Il était resté froid, docile, pendant tout le trajet. La douleur physique ne lui importait plus, et son esprit était vide de toute pensée.

- Renoncez ! Expiez !
- Je.. Je..
- Expiez ! Reniez votre Foi et révèlez vus à la Lumière !
- Je.. Je renie..
- Plus fort ! Hurlez, que la Lumière sente votre retour en son sein !
- Je renie.. Je renie !

Seuls ces mots là tournaient encore et encore.. Renier ce en quoi il croyait lui faisait plus mal que les brûlures, les echymoses et les nombreuses plaies qui parsemaient son corps.

Le greffier grimpa dans le wagon et en claqua la porte barrée de métal dans un grincement lugubre.

La brume et les flots de pluie se mêlaient pour rendre la scène plus malsaine encore. Un des paladins le bouscula brutalement en manquant l'expédier tête pardessus cul dans un flaque de boue aqueuse.

- Crève vite, traître, car sinon, c'est ma lame qui t'absoudra..

Les armures étincelantes et les grincements du fourgon commençaient seulement à disparaitre au bout du chemin que la colère entamait sa rechute dans les veines du condamné.

Il se retourna lentement et releva le capuchon de la cape, bien que ses cheveux et sa barbe ruisselaient déjà de pluie. Le camp se trouvait dans un creux entre deux collines. Fait de bric et de broc, seule une tente aux armes de Lordaeron se détachait de la masse brûnatre des hauvents, de simples hauvents de bois taillé, un drap de lin attaché entre quatre rondins pour les protéger de la pluie. Des feux de camp parsemaient le lieu, et de nombreux hommes en armes s'agglutinaient autour, ramassis des pires crapules du continent, toutes races confondues, prisons vidées par manque de juges et de combattants.

A mesure qu'il avançait au travers du camp, la misère et les puanteurs s'unissaient sous son regard. Il sentait un nombre important d'yeux suivre ses pas déliés vers la tente de commandement. Un homme le bouscula volontairement en passant, il ne fit pas même mine de répondre à la provocation. Prisonnier de misère, condamné à combattre non pour l'argent ou pour la gloire, mais simplement pour mourrir, il devait s'attendre à faire face au désespoir et à la société sans morale que celui-ci engendrait.

Un officier de rang vint à sa rencontre, portant un parchemin scellé, qui prenait déjà la pluie. Visiblement marqué par les privations, et probablement par l'hostilité latente des lieux, il semblait vidé et las.

- Condamné Stern ?

La réponse se borna à un signe de tête.

- Répondez, Stern !

Le condamné ouvrit légèrement les lèvres, faisant claquer sa langue comme si parler lui fut oublié. C'est avec une voix cassée qu'il s'exprima.

- A votre disposition.. Sergent

L'officier le dévisagea un moment.

- J'ai vos crimes entre les mains, et vous avez votre rédemption possible... Ne vous faites pas d'illusions, Stern, c'est la mort qui vous attend ici. A vous de voir si vous avez encore assez d'honneur pour la faire attendre, ou si vous préfèrerez la voir dans les yeux au premier assaut.
- Je n'ai guère le choix visiblement... sergent.
- Non... mais on vous a présenté comme un homme dangereux, comme c'est toujours le cas avec ceux qui ont reçu votre formation et on trahi leur cause. Excellent stratège, fine lame... Inutile que je vous dise que nous traquons et abattons ceux qui tentent de déserter...
- Je ne suis pas en condition de vous faire une démonstration.. et vous serez bien déçu, sergent.. Je ne suis pas ce que vous croyez..
- Ils disent toujours ça..
- Sans doute.
- Stern.. Allez au nord du camp, à l'opposé de l'endroit où l'on vous a déposé. Mes hommes y sont stationnés, vous êtes sous mes ordres jusqu'à votre mort, et je suis le sergent-major Dundale.
- A vos ordres, sergent.

L'officier le fixa un instant.

- Vous êtes docile, c'est rare, surtout pour une personne qui a vécu ce que vous venez de vivre. Mais dites vous bien qu'il n'y a pas de place pour les états d'ame, Stern. Vous êtes ici pour combattre, et mourrir.. Celà se résumera à ça.
- J'avais compris depuis le début, sergent.

Dundale hocha sombrement le chef, ramenant les mains sous sa pélerine ample.

- Rejoignez votre campement, Stern, et demandez Khral, il vous emmènera à l'intendance.
- A vos ordres, sergent.



Il n'eut aucun mal à trouver le campement indiqué. Des lances plantées dans le sol, portant en foulard au fer les armes élimées de Lordaeron, des feux de camps où s'assemblaient des hommes en armure composite de maille et de cuir.. Tout ce qu'ils avaient pu récupérer sur un champde bataille. Même les armes faisaient pâle figure, matériel de récupération sans aucun doute, mais tenues en état, à en juger par l'épaisseur des tranchants. Haches et épées étaient installées sur les paquetages, près à partir.

Des regards se tournèrent vers lui, le silence se faisant. Une animosité froide s'extirpa de la brume omniprésente et des fumées de feu de bois mouillé.

- Je cherche Khral...

Un homme se leva, quittant un feu proche pour venir se placer devant lui, lui soufflant une haleine fétide au visage. Plus grand que le condamné, le type avait de plus l'avantage de porter un plastron de cuir et semblait avoir eu dans son ascendance un taureau ou un ours... les deux regards s'accrochèrent, sans que le condamné bouge d'un pouce.

- Qu'est-ce t'y veux, à Khral ?
- Celà ne te regarde que si tu es Khral..

La bouche du type se tordit d'un rictus dégouttant.

- Qu'est-ce t'en sais qu'ça m'regarde pas, fils de chienne ? T'sais pas encore où t'es là.. mais j'vais t'montrer qu'quand Jim le Surin t'cause, t'y répond correc...
- Tu vas rien montrer à personne, Jim, sauf tes tripes aux Esprits des Anciens si tu lèves ton couteau à beurre sur ce gamin..

Celui qui venait de couvrir la tension ambiante d'une voix rocailleuse et puissante s'avança et écarta Jim d'une main aussi large qu'un bouclier. Il dominait le condamné de trois bonnes têtes, et faisait deux fois sa largeur. Une peau sombre, une machoire prognate, pourvue de minces défenses et un regard étroit, où se lisait une certaine intelligence..

Une créature plus petite, voûtée, mais pourvue de muscles apparents, peau vert-de-gris et tatouages récurents se coula derrière l'orc. Féline, elle possédait de longues défenses écarlates ornant une bouche pleine de crocs, une langue baladeuse errant sur les babines découvertes.

- Tss Tss, file te cacher dans ton paquetage, Jim le souriant, si tu ne veux pas que le bon Mvuemba dévore tes petites tripes chaudes lorsque Khral te les aura déposé sous les yeux.. Allez, file, file.

Et le troll d'éclater d'un rire aigü. L'orc fixait toujours le condamné, comme pour le jauger. Il inclina légèrement la tête sur le côté, posant une main sur l'épaule du troll, alors que celui-ci claquait des dents, dardant des yeux fous sur Jim, qui eut la bonté de reconnaître la lutte inégale.

- Je suis Khral, l'homme.. Qu'est-ce que tu veux ?
- Dundale m'envoie.. Il dit que tu me montrera l'intendance.

L'orc esquissa ce qui ressemblait à un sourire, avant d'éclater de rire, aussitôt rejoint par les piaulement aigüs du troll.

- T'entends ça, Mvuemba, le bon sergent me prend encore pour son chien de course.. ça doit être parce que les humains sous ses ordres sont trop cons pour comprendre un ordre.. Allez viens, l'homme, suis-moi.

L'hostilité rejaillit brutalement entre l'orc et les humains assemblés, mais aucun n'eut le courage de le défier. Aucun n'aurait été de taille, au vu de la monstrueuse musculature de l'orc. Le condamné lui emboita le pas.

- Comme t'as du l'comprendre maintenant, moi c'est Khral, reprit l'orc tout en marchant. Et lui c'est Mvuemba, fais pas attention, il est à moitié fou.
- Fou, Mvuemba ? Fou ? Oh non non non Mvuemba n'est pas fou, Mvuemba voit les esprits, et les esprits disent à Mvuemba :"Mange, mange à t'en faire péter le bide, et la moelle, c'est le meilleur dans l'homme..."

Le troll éclata de nouveau de son rire fou, par saccade entrecoupée d'un lèchement de babines.

- C'est quoi ton nom à toi, l'homme ?

Le condamné évita une mare de boue pour mieux venir marcher à côté de l'orc.

- Stern.. Kaleban Stern.
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