Fany

Au fond de la bibliothèque du Goldshire un jeune prêtre travaille a ses études. Il feuillette plusieurs livres rapidement afin de trouver l’objet de ses recherches. Au milieu de l’un d’eux se trouve une enveloppe cachetée. Sur le dessus est écrit à l’encre noire « A mes parents ». Dans un premier temps le jeune prêtre remet la lettre dans le livre et puis se ravise. Le papier semble avoir quelques années alors il l’ouvre avec précaution. Il en sort une lettre. L’écriture est infantile ce qui l’étonne beaucoup et puis il commence à la lire.

Maman, Papa,

Vous me manquez beaucoup. Depuis votre départ pour la lumière des étoiles je ne cesse de vous regarder dans le ciel en espérant vous y voir. Chaque soir je scrute le ciel mais je ne vous vois pas et cela me rend triste. Heureusement je ne suis plus toute seule et j’ai plein de petites sœurs et petits frères qui sont aussi orphelin. Nous courrons toute la journée dans les rues de stormwind et les gardes nous courent après, c’est amusant.
Hier je viens d’avoir mes 11 ans et cela fait 5 ans que vous êtes parti. J’ai beaucoup pleuré mais dame Nightingale a su me consoler. C’est une gentille dame et comme vous pouvez le lire elle m’a appris à écrire et à vous lire le jour où vous répondrez a cette lettre. Chaque semaine elle me prête un livre et bientôt je pourrais aller à l’Abbaye du Northshire pour chanter des psaumes avec les enfants du cœur. On m’a dit que je pourrai peu être y rester car le prêtre qui s’y trouve a besoin d’une novice et je pourrai lire tous les livres que je voudrais la bas. J’espère qu’il me gardera. Je préfère tellement la campagne à la ville. Et puis il y a des animaux la bas comme dans la ferme de grand père.
Je voudrais encore vous dire plein de choses, mais on ne m’a donné que cette feuille il parait que cela coûte cher une feuille comme celle là.
A très bientôt je vous embrasse très très fort maman et papa.

Votre petite fille Fany

Un sourire ce dessine sur le visage du jeune prêtre studieux. Il replie la lettre et la remet à sa place. Puis il referme le livre et en regarde plus attentivement son titre presque effacé par le temps « les comètes messagers des étoiles ». Il sourit de nouveau et se replonge dans ses études.

De l’adolescence à la Lumière

Quelques semaines plus tard notre jeune prêtre, assis au pied d’un arbre semble perdu dans ses pensées, après avoir longuement cherché d’autres écrits de la petite fille sans résultats, il se demande où elle peut être, ce qu’elle est devenue et si elle a su garder son innocence au sein de l’Abbaye du Northshire.

Après une longue hésitation il s’en va trouver le frère Neals afin de savoir ce qu’il est advenu de cette jeune fille qui doit avoir aujourd’hui dans les dix neuf, vingt ans.
« S’il vous plait Frère Neals pouvez vous me parler de la novice Fany »
Le Frère Neals alors plongé dans ses écritures relève la tête et sourit.
« Si vous me posez la question c’est que vous avez fini d’étudier le livre les comètes messagers des étoiles »
« Pas entièrement » répond le jeune prêtre tout penaud.
Frère Neals pose sa plume et referme son encrier. Il se lève et fait signe au jeune prêtre de le suivre.
« Marchons un peu voulez vous, alors je vous parlerai de cette petite fille aux si jolies taches de rousseur. »

Sortant de l’Abbaye les deux hommes s’en vont se balader dans la campagne en fleur du Northshire. Tout en marchant le frère Neals raconte :
« La petite Fany est arrivée en ces murs à l’âge de onze ans au début de son adolescence. Elle a su par sa présence remplir ces lieux de bonheur grâce à son innocence et sa tendresse. » Neals est très ému de parler de cette petite fille. « Cette enfant est sans doute un don de la lumière pour les autres. Elle irradie la sagesse et la générosité. Quand elle était encore parmi nous, elle s’est toujours dévouée pour le bien être des autres. Je me suis souvent demandé où cette enfant si jeune trouvait cette force et cette foi en la Lumière. Aujourd’hui je pense que la douce Fany puise cette énergie directement de l’émerveillement des personnes qui l’entourent. » Le jeune prêtre ne semble pas comprendre cette dernière parole. Frère Neals le regarde dans les yeux et continue. « Je vois cette lueur dans vos yeux, je veux parler de cette petite lumière qui éclaire votre regard dans les moments de joie et d’amour. » Les deux frères se regardent longuement avant que le jeune prêtre demande :
« Mais pourquoi est-elle partie ? J’aurais tant aimer la connaître ».
« Vous savez chacun doit suivre sa route et construire son avenir. Vous aussi partirez bientôt. Fany m’écrit régulièrement, j’espère que vous m’écrirez également quand votre tour de quitter ces lieux sera venu. Sa dernière lettre me raconte qu’elle a rejoint un Ordre de Chevalier de Sagesse. Cela me laisse songeur c’est une enfant de Lumière, je crois qu’elle reviendra vers la Lumière. Je pourrai vous lire sa lettre un autre jour si vous le demandez. Mais maintenant parlez moi de vos lectures et plus particulièrement des Messagers du Ciel » Les deux hommes se sourient mutuellement et continuent leur promenade tout en discutant…

Aujourd’hui notre jeune prêtre est tout excité. Frère Neals lui a remis une partie de la correspondance de la jeune Fany. Il en dévore les moindres lignes. Les mains toutes tremblantes, il déplie la dernière lettre en sa possession.

Chers Frère Neals,
Je vais très bien et la découverte du Royaume de l’Est me réjouit. Je m’inquiète encore pour votre santé j’espère que les plantes médicinales que je vous ai fait parvenir ont apaisé vos douleurs de dos. Comme je ne suis plus là pour vous aider dans les tâches quotidienne faites attention à vous et ménagez vous un peu. J’espère que le jeune novice qui a pris place à vos cotés vous soulage dans votre travail à l’abbaye. Bientôt vous me le présenterez et nous irons tous les trois marcher dans la campagne du Northshire. Nos longues conversations ainsi que le parfum des fleurs des champs et l’odeur du foin fraîchement coupé me manquent.

L’autre jour j’ai rencontré deux hommes extraordinaires. Ils sont tous deux respectueux de la vie et la sagesse guide leurs pas. Ils suivent un Dragon d’Argent qu’il nomme Paladine dont les livres semblent encore ignorer l’existence. Ce dragon est une source de lumière et de sagesse infinie. J’ai donc décidé d’adhérer à leur ordre en devenant leur Première Prêtresse de la guilde des Chevaliers de Paladine. Comme je vous l’ai dit avant de quitter le cocon de l’abbaye je suis en quête de découverte et Paladine m’aidera sans nul doute à découvrir le monde dans la sagesse. Je n’ai pas encore assez de recul pour savoir si en suivant cette route je me rapproche ou je m’éloigne de la Lumière. J’espère que les réponses viendront lors mes prières et que mon coeur s’ouvrira encore plus à la Lumière.

Tendrement votre fille de Lumière.

Le jeune prêtre replie cette lettre déçu que ce soit déjà la dernière. Il la range soigneusement dans le petit sac de cuir avec toutes les autres afin de les protéger de la lumière et du temps qui passe. Puis il ramène les précieux manuscrits à leur propriétaire.

‘’Frère Neals” le frère relève la tête de son livre et regarde le jeune prêtre.”Voici les lettres que vous m’avez si gentiment laissé lire. Merci” Le frère sourit mais ne dit mot.
“Puis je vous demander une chose” interroge le jeune prêtre.
“Bien sur “ répond frère Neals.
“ Pourquoi la prêtresse Fany signe ses lettres votre fille de Lumière” Neals rougit puis après un instant répond.
“ Tu sais quand la petite Fany est arrivée, elle est vite devenue plus qu’une simple Novice elle est un peu comme ma fille d’adoption et une lumière qui a éclairée ma vie.” Le jeune prêtre sourit puis se retire tout en le remerciant une nouvelle fois du cadeau qu’il vient de lui faire.

Tout en marchant dans les couloirs de l’abbaye le jeune prêtre repense à la générosité du geste de frère Neals. Il sait que beaucoup d’homme n’aurait sans doute pas partagé les lettres de la jeune Fany. Un jour notre jeune prêtre se demande si lui aussi pourra faire preuve d’une telle générosité et d’un aussi grand partage

A l’auberge du parc de Stormwind Tisha repense à tous les malheurs qui l'accablent. Les coudes sur la table, la tête entre ces mains, elle rêve, espérant que quelqu'un s'assoira a ses cotés pour lui raconter une histoire qui lui ferait oublier ses malheurs, ou qu'un gnome viendrait la taquiner et qu'elle serait obligée de se transformer en chat pour l'amuser. Bien que....une histoire, lui serait plus agréable, parce que la fatigue se mêle a la dépression, mais elle ne veut pas se coucher, ses rêves sont pire que la réalité...

Une jeune femme tenant la main d’un petit garçon en pleurs entre dans l’auberge. L’enfant porte une capuche bien trop grande pour lui. Plusieurs Orphelin de Stormwind les suivent.
“ -Asseyez-vous les enfants “dit-elle d’une voix douce. Bien que tous agités, ils finissent par s’asseoir en cercle autour de la jeune femme qui console le petit garçon.
“- Fany, Dame Nightingale nous as dit que tu es aussi une orpheline de Stormwind. “ Fany sourit
“-Alors tu es comme nous ?” Répond un autre.
“-Fany, raconte nous une histoire. Dame Nightingale dit que tu connais des tas d’histoires.”
“- Je connais surtout les histoires des livres. Mais je veux bien vous en conter une autre.” Les enfants se resserrent autour de Fany et écoute.

“ C’est une petite fille qui est assise au bord de la rivière et elle regarde son reflet. Sur le haut de son front elle porte une vilaine cicatrice et chaque jour elle voudrait la voir disparaître. Les enfants se moquent et la traitent de tous les mots. Leurs moqueries la rendent chaque jour plus triste. Des larmes coulent le long de son si joli visage et finissent par brouiller sa vision. Après un long sanglot, elle sèche ses si jolies yeux et regarde de nouveau l’image de son reflet, à la place de sa cicatrice apparaît un beau diadème ; elle se touche le front mais ne le trouve. Entendant l’herbe bouger derrière, elle se retourne et voit un gnome souriant portant de très beaux habits brodés de fil d’argent. Il monte un tigre de couleur vert feuille de chêne. L’animal semble être aussi doux qu’un agneau. Elle se frotte les yeux mais non elle ne rêve pas.
- Bonjour petite dit le gnome. Quel très beau diadème portes tu là. Puis- je le voir de plus près. La petite fille rassurée par le sourire de ce petit homme accepte et se laisse approcher. Le gnome retire doucement le diadème et le présente à la petite fille émerveillée devant la beauté de l’objet. Tourne-toi, je vais te le remettre correctement sur la tête et puis je m’en irai. Quand la petite fille se retourne effectivement le gnome est déjà remonté sur sa monture, il lui sourit et s’éloigne. Peu à peu l’image de cet étrange personnage se brouille. Puis devient différente, notre gnome porte maintenant une banale toge brune et chevauche un mulet. Il tourne la tête et lui sourit une dernière fois. La petite fillette touche son front et sent quelque chose de doux. Alors elle regarde de nouveau son reflet et y découvre un joli ruban de soie pastel. Alors elle crie “ Merci Monsieur le gnome.” Mais il est déjà plus la. Les années passent la petite fille a grandi, elle ne porte plus le ruban mais un très beau chapeau. Maintenant ses amis l’appellent Pastel.”

Tous les enfants autour de Fany baissent la tête honteusement puis ils finissent par demander pardon de leur bêtise pour avoir fait pleurer leur camarade en se moquant de sa couleur de cheveux. Fany regarde tendrement les orphelins autour d’elle puis retire la capuche de la tête de l’enfant.
“- Comment veux tu que tes camarade te surnomment “ souffle Fany à l’oreille de l’enfant.
“- Renardeau comme le petit du renard.” Fany sourit et les enfants aussi
“- Allons nous promener aux parcs et je vous raconterai la légende de l’Arbre Monde.”
Fou de joie les enfants entraînent Fany à l’extérieur de la taverne.
Avant de sortir Fany adresse un regard tendre et un sourire a la femme elfe assise a la table…

C’est un soir sans étoile. Les ténèbres envahissent le ciel. L’Abbaye du Northshire semble se confondre avec la noirceur de la nuit. Les braseros éclairent les murs froids et forment des ombres angoissantes. Une faible lueur filtre sous la porte d’une cellule. De l’autre coté de cette pièce presque vide, une bougie à la flamme mourante éclaire un homme recourbé sur son lit. Son visage est marqué par la tristesse et la fatigue. Les yeux humides il relit une lettre qui semble lui déchirer le cœur.



Frère Neals,

Je vous écris en ce jour où l’ombre vient de faire une avancée sur la Lumière et la faute m’en incombe. Votre Fille de Lumière ne mérite plus de l’être. Des hommes ont cru en moi plutôt que dans un idéal. Ma fuite de Paladine car oui j’ai fuis, a entraîné l’apparition de l’ombre au sein de l’Ordre des Chevaliers. Chaque chose est la conséquence d’une autre et j’en suis la cause. La cause de cette souffrance que je combats tant. Mon cœur saigne d’avoir entraîné tout cela et je sens les ombres qui s’emparent de moi. Aurai-je du faire le sacrifice de ma vie à Paladine et en accepter la souffrance ? Maintenant il est bien trop tard, mon égoisme vient de faire souffrir des êtres. J’en porterai à jamais le fardeau. Je suis anéantie par le mal que je viens d’accomplir. Comment pourrais-je venir en aide aux êtres ? Je viens de commettre l’irréparable ? Frère Neals Aidez-moi, je suis perdue…

Fany


Quelques secondes après la fin de cette énième lecture la flamme vacille une dernière fois et se meurt laissant un point rouge incandescent qui s’amenuise et finit par disparaître. Laissant Frère Neals seul avec les ombres de son cœur…

L’écho de pas résonne dans le couloir… Trois petits coups sourd se font entendre à la porte de la cellule…

« -Frère Neals Il me semble avoir vu de la lumière vous ne dormez pas ? »chuchote une voix.

La porte s’ouvre lentement laissant entrer une douce lueur à l’intérieur de cette pièce si sombre. Devant la porte se tient notre jeune prêtre de blanc vêtu et une longue bougie éclairant son beau visage souriant.

-Tenez, prenez ma bougie je n’en ai plus besoin je vais aller me reposer.

A la lueur de cette nouvelle lumière Frère Neals sourit.

-Merci mon jeune ami, Cette lumière va éclairer mes pensées.

Les deux hommes se regardent longuement chacun lisant un immense respect dans les yeux de l’autre…

Le jeune prêtre s’incline tandis que la porte se referme lentement…

Frère Neals se dirige vers son étagère, prend son matériel d’écriture puis s’installe à son pupitre… Il fouille ses souvenirs un instant… La tristesse s’estompe petit à petit de son visage il revoit la petite Fany enfant, il l’entend encore rire comme si c’était hier, il se voit rire à ses cotés. L’esprit apaisé et plus léger il prend sa plume et commence la lettre.



Ma fille de Lumière,

Les ombres traversant ton cœur ne doivent pas détruire l’Etre de Lumière que tu représentes. En ce moment j’aimerais tant te serrer pour te redonner tout l’amour que tu as apporté à l’abbaye et à mon cœur. Nous vivons tous dans le bonheur des autres mais toi plus que tout autre. Tu ne dois pas oublier que ton bonheur est lié à ce monde. Je suis sûr, même loin de nous, des êtres te chérissent, te prendront dans leur bras toi qui est si forte et si fragile. Ils sauront te redonner l’éclat de tes yeux. N’oublie jamais que nous t’aimons et de notre amour tu seras toujours en faire ton énergie. Je t’aime ma fille de lumière.

Frère Neals


Frère Neals repose sa plume et se demande si ses mots suffiront à rassurer la tendre Fany…