(suite du post
"Les Aveux" de Feare)
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« Il a disparu Dame Melynn… il a disparu ! »
Melynn tenta de calmer Leä qui semblait inquiète et épuisée…
« Feare ! il a disparu depuis trois jours … »
Melynn questionna la jeune apprentie du guerrier au chapeau afin d’en apprendre le plus possible sur les maigres indices, que celle-ci pouvait avoir en sa possession pour le retrouver.
Des terres désolées … des flammes … un chaudron …
Un éclair illumina les yeux de Melynn. Elle était persuadée d’avoir compris ou s’était exilé son ami. Melynn fit serment à la jeune Leä de lui ramener son mentor, que celle-ci considérait comme un père, rassembla ses affaires et chevaucha jusqu'à la gorge des vents brûlants.
En vol, Melynn se remémora les aveux de Feare… la haine qu’il éprouvait pour ce qu’il avait pu être… un « monstre » … tel qu’il le disait. Elle souffrait encore de la peine et du vide qu’elle avait perçu dans le cœur du guerrier … il semblait si perdu … il pourrait faire une bêtise.
« Il faut que je le retrouve ! … pour l’aider … pour lui dire … »
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Parcourant la gorge des vents brûlants, Melynn aperçu au loin un homme qui luttait contre une immense araignée de lave, la silhouette acheva la créature d’un coup de hache magistral et se laissa tomber sur les genoux. Détaillant les contours de cette silhouette, elle reconnu celui qu’elle était venue chercher.
« Feare ! »
Feare reconnu la voix.
«Melynn ?! »
«Que fais tu ici ? Tout le monde te cherche ! »
Melynn remarqua qu’il était brûlé au visage, elle prit alors l’initiative de panser les plaies du guerrier. Elle remarqua vite qu’il ne revêtait pas son amure … il n’avait que sa hache pour le protéger … il aurait pu ne pas revenir de ces terres… cette idée terrassa la jeune elfe.
Feare eu du mal à exprimer ses raisons, perdu dans sa culpabilité et sa souffrance, il était persuadé que rien ne pourrait jamais le soulager du manque causé par la mort de sa famille … la culpabilité résultant de sa vengeance. En vérité, il était même persuadé que sa nouvelle famille, les LunArgent allait le rejeter … ils avaient désormais conscience de son passé.
Il se perdait en accusation à son encontre, se qualifiant lui même de « monstre », rappelant l’horreur de ses massacres, le surnom « d’elfe au regard de sang » que lui avait donné ses subalternes… le cœur de Feare pleurait … il pleurait son bonheur passé … celui qu’il ne pensait jamais retrouver … il pensait devoir « payer » pour ses erreurs.
Melynn posa alors délicatement son doigt sur la bouche de Feare, lui faisant signe d’arrêter de parler ainsi de lui-même.
« Feare … tu n’es pas un monstre, sache le.
Tu as fais des choses horribles, certes.
Mais ce n’était pas toi ! non, pas le Feare que je connais
Celui qui sauve des vies et prône la paix
Celui qui donne sans rien attendre en retour
Celui qui m’a permis de retrouver ma soeur
Le « monstre » que tu as pu être est mort …
En même temps que la dernière de ses victimes »
Feare tenta de répondre … mais se sentait perdu … troublé :
« Mais … Melynn … »
Melynn continua de soutenir le guerrier de tout son cœur et de toute son âme. Feare buvait ce doux nectar comme s’il était un enfant qui recevait l’amour de sa mère. Il était touché par les paroles de la jeune elfe, par sa douceur et sa joie de vivre. Mais le vide était si profondément ancré en son cœur … en son âme.
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Melynn expliqua à Feare, que les gens changent une fois exposés aux tourments de la vie, particulièrement les plus sensibles et les plus intelligents… Elle eu du mal à le convaincre que l’elfe bon et noble d’âme qu’il était aujourd’hui n’avait rien à voir avec le monstre qu’il avait pu être. Lucide … elle lui avoua aussi qu’il ne pourrait jamais oublier ni sa défunte famille, ni ses massacres … qu’il faudrait vivre avec leur souvenir.
Elle lui suggéra aussi que la force avec laquelle ces horreurs le hantait était sûrement due au fait que Feare n’arrivait pas à les attribuer au passé … comme si le fait de tourner la page de ses erreurs impliquait de tourner la page de cette famille qu’il ne reverrait jamais.
Elle lui confia que tout ses amis et frères du Clan s’inquiétaient pour lui et attendaient son retour avec impatience … Feare sembla très touché de la compréhension dont faisait preuve les LunArgents… il comprit ... en cet instant ... que tous l’aimaient.
Les paroles réconfortantes de Melynn réussirent à le convaincre de rentrer auprès du clan. Mais … pour combien de temps ?
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Au fil de la conversation et des témoignages de tendresse de Melynn , sa voix douce et tendre devint hésitante et timide.
Feare lui demanda : « Melynn ? Qu’y a-t-il ? »
Il était intrigué, un instant plus tôt, Melynn lui avait annoncé détenir «une preuve» qu’il ne pouvait pas être un monstre … il se demandait comment l’on pouvait « prouver » une telle chose … devant le silence de Melynn il insista :
« Melynn … ? »
Jamais elle ne s’était sentie si faible face à ses propres sentiments, elle était complètement décontenancée… rougissant comme une tomate… cherchant ses mots. Dans la confusion la plus totale, elle ne parvenait pas à dévoiler ce qu’elle voulait tant lui dire ... elle n’arrivait pas à trouver le courage.
Feare était de plus en plus intrigué par l’attitude de Melynn, amusé de la voir dans cet état, elle qui d’habitude semblait si sure d’elle.
Melynn de plus en plus gênée se décida à parler … enfin … elle allait essayer.
« Feare, il y a quelques temps, à la suite de la bataille qui a entraîné la chute de la Sainte Inquisition, j’ai fais la rencontre d’un barde exceptionnel et de sa douce compagne. Ils se nommaient Crileloup et Aurorielle. Le barde m’a généreusement permis de profiter de son chant … allié à l’infinie tendresse qui les liait lui et sa mie … la beauté de ses paroles m’ont immensément touchées. »
Feare écoutait attentivement la jeune elfe, tentant de capter son regard, ses émotions.
« Il m’a fait comprendre des choses qui m’habitaient depuis longtemps, des choses que je n’avais jamais réellement comprises, des sentiments … des sensations … que je ne parvenais pas à déchiffrer. Je … je me suis alors fais le serment de les assumer … de dire à … enfin … de … »
Melynn ravala ses derniers mots, n’osant plus parler, elle semblait complètement perdue. Elle rougissait de plus belle et fuyait le regard de Feare, de peur qu’il ne lise dans ses yeux ce qu’elle n’osait lui dire.
« Que t’arrive t-il soudain ? Tu peux tout me dire tu sais … »
Elle répondit : « Tout … ? … tu … tu es sur ? »,
Le guerrier acquiesça d’un sourire attendri.
Melynn ne manquait pas de bonne volonté pour lutter contre elle-même, une quinzaine de fois elle avait commencé des phrases qu’elle s’était vu incapable de finir … faute de courage. Agacée par sa propre attitude, elle inspira profondément et dit à Feare :
« Ce … ces sentiments … que ce barde m’a fait découvrir … enfin … je … »
Elle était toujours aussi perdue … mais cette fois ... elle persista :
« Tu sais ... il y a quelques instants je t’ai dis avoir une preuve que tu n’es plus ce monstre que tu prétend encore être… »
Feare acquiesça.
« Et bien …
… si tu ne peux pas …
… être un monstre …
… c’est parce que … »Melynn se leva, crispa ses poings, plissa ses yeux et avoua haut et fort :
« Je t’aime ! »A cet instant, le sol s’écroula sous ses pieds. Que venait elle de faire ? Qu’est ce qui lui avait pris de se livrer ainsi ? Elle-même avait conscience de ne rien comprendre à cet amour qui l’habitait. Elle était terrifiée à l’idée que l’objet de ses plus doux sentiments la rejette. Comme l’aurait fait une enfant, Melynn parti en courant se cacher derrière une souche d’arbre à cents pas de là, incapable d’assumer les paroles qui s’étaient échappées de sa bouche.
Durant trois longues secondes qui durèrent pour lui des années, Feare resta figé, pétrifié,
« Com … comment cela est-il possible … c’est … », Feare fut transporté de joie … depuis toujours il avait dissimulé aux yeux du Clan son passé ténébreux … mais il y avait autre chose qu’il avait caché a tous … même a lui-même … personne ne se serait douté que l’exubérant Feare, le grand séducteur des LunArgents puisse avoir si romantique secret … il l’avait toujours su sans le savoir, il l’avait toujours senti sans se l’avouer … depuis longtemps …
… Il aimait Melynn …
Oubliant ses blessures il se dressa fièrement. Le cœur enflammé, il s’élança en direction de la jeune elfe qui pleurait recroquevillée sur elle-même. Il pris son visage dans ses grandes et puissantes mains avec une délicatesse féline, essuya ses larmes avec ses pouces et lui murmura :
« Moi aussi Melynn … je t’aime … »A son tour Melynn fut pétrifiée, elle ouvrit grand les yeux, se demandant à elle-même si elle n’avait pas inventé les paroles qu’elle venait d’entendre. Cherchant confirmation dans les yeux de Feare, elle perçu dans le regard de l’elfe l’intensité de son amour … elle ressentit une fois de plus cette chaleur qui, si souvent, l’envahissait en présence du guerrier.
Les deux elfes se regardèrent longuement dans les yeux, dans leur regard se mêlaient des milliers d’émotions, toutes plus douces les une que les autres … aucun des deux n’arrivait à réaliser ce qui lui arrivait … jamais ils n’auraient pensé que leurs sentiments puissent être réciproques.
Les deux elfes se rapprochaient tandis qu’ils se disaient leur amour. Ils rivalisèrent de douceur et d’affection, échangeant leur regret de ne pas avoir su se dévoiler plus tôt.
… un silence s’installa … Feare passa doucement sa main dans les cheveux de Melynn… Melynn caressa la joue de Feare du dos de la main … insufflant un amour immense dans ses pupilles azurées
… elle déposa un baiser sur ses lèvres … cet instant fut d’une infinie tendresse ...
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Melynn