Le barde s'assit face à son interlocuteur.
- "Aujourd'hui je crois savoir qu'elle réfléchit sur son texte fondateur. Vous savez, ces textes en forme de charte qui régissent la vie à l'intérieur des guildes... Et bien j'ai bien peur que ce texte ne soit en train d'être pensé par des gens qui n'en seront que fort peu impactés car ils se sont donnés comme rôle - très respectable par ailleurs - d'aller porter la lutte pour la paix et contre le fléau loin dans les donjons ennemis. Par contre ceux qui, comme moi, parcourent les terres d'Azeroth et représentent l'incarnation de cette charte au quotidien, chargés d'être des exemples responsables... on est exclus du débat, privés de toute possibilité de faire la moindre remarque puisque le sujet nous est totalement confisqué."
- "Je serais eux, je vous poserais quelques questions : ça vous occuperait l'esprit au moins, ça vous éviterait de monter sur vos grands tigres. Vous n'auriez pas un égo un peu surdéveloppé par hasard ?" se moqua l'Elfe avec un sourire froid.
Le barde choisit d'ignorer la pique gratuite dénuée de tout fondement.
- "Oh... on nous posera sans doute quelques questions bien sûr... mais en vérité la question a déjà été posée... et on a vu l'enthousiasme que ça suscitait : un tiers de réponses de moins qu'une question stupide sur l'anatomie comparée de deux membres du clan... c'est vous dire... Et seulement trois avis exprimés, la plupart n'abordant qu'un point de détail lié à une évolution déjà ancienne mais non entérinée."
Sous ses sourcils verts, l'Elfe plissa les yeux un peu plus, intensifiant son regard. Le barde soutint ce dernier sans faillir. Son âme avait la force de la pureté et il ne craignait pas de répondre avec franchise.
- "Vous ne seriez pas un peu bouffé par l'ambition, tout simplement ? Et vexé comme un tigre d'avoir été boulé si je comprends bien ? Je veux dire... si votre... comité supérieur... n'estime pas nécessaire d'avoir un débat public, c'est à eux d'en juger non ? Vous croyez qu'ils ne voient pas vos façons pernicieuses de leur subtiliser leurs prérogatives ?"
Il souriait, apparemment fier de lui et sûr de son effet. Mais le barde sourit en retour, ravi au contraire que la question soit posée.
- "Vous êtes un individu subtil... j'apprécie."
"J'ai eu l'ambition que vous me prêtez. Elle n'était ni pernicieuse ni détournée, bien au contraire. Elle faisait même l'objet d'une demande en bonne et dûe forme pour accéder à ce niveau d'investissement que je me sentais enfin apte à assumer. Il en a été décidé autrement et j'ai fait retraite à l'écart du monde pour y méditer. Et puis des événements heureux m'ont aidés rapidement : je me sens de nouveau représenté, ou du moins écouté par certains membres du conseil - et non pas comité - et je n'ai donc plus nécessité d'y porter ma parole moi-même. J'ai choisi de faire confiance à celles qui me représentent. Ma propre soeur en fait partie. Si je me débats aujourd'hui c'est pour que ne soient pas confisqués certains sujets, c'est pour que tout notre clan se sente investi du thème en question, que chacun apporte sa pierre dès le début de la construction, parce que ça me parait fondamental quand on se donne des idéaux de respect mutuel et de vie autour d'un idéal."
- "Vous n'avez donc jamais tort. C'est beau les certitudes."