Un long silence ...

La chaleur pesante, l’obscurité, la brume de poussière percée des premiers rayons de soleil qui suintent à travers les rares ouvertures de l’immense voûte … Ironforge vient de s’endormir … et ne vas pas tarder à se réveiller.

Comme glissant sur un coussin d’air une silhouette féminine se faufile le long des murs de la citadelle naine en direction de la grande forge avec une grâce infinie et une discrétion sans mesure … personne ne la remarque … la citée dort sur ses deux oreilles.

Malgré la cape et la grande capuche qui camouffle toute la tête de l’elfe, on devine au mouvement de va et vient de sa tête qu’elle scrute d’un regard lointain et perçant les alentours de la grande enclume, comme si elle cherchait quelqu’un.

Même si quelqu'un avait encore été éveillé dans la cité, il n’aurait sûrement pas entendu l’elfe susurrer :

« Personne … ‘il’ doit passer ses nuits avec ‘elle’ désormais … je suis absente depuis si longtemps maintenant … »
, tant son phrasé s’apparentait a un souffle continu

… de l’attitude élégante mais statique de la silhouette émanait un étrange contraste de douleur et d’acceptation … un sentiment glacial…

D’un coup la silhouette repris son mouvement discret et aérien vers la garde militaire, se glissant le long des murs jusqu'à la célèbre Taverne de Bruuk, et se glissa jusqu’au comptoir … La tête baissée de l’elfe laissait planer une obscurité d’encre sur son visage empêchant de déceler le moindre trait.

Bruuk, qui était sûrement le seul nain de la citadelle a ne pas être aviné et endormi a cette heure matinale regardait avec un mauvais oeil cet personne … il aime bien les chose bien nettes et bien franches … et n’apprécie que peu les attitudes énigmatiques … il dit d’un ton sec :

« Ce s’ra quoi ? »

Et la silhouette répondit calmement :

« Bruuk … »

Le nain mis un quart de seconde a reconnaître cette voix douce et cristalline et ouvrit grand les yeux et laissa tomber au sol la choppe qu’il était en train d’essuyer.

« Bruuk … j’aimerais que tu me rendre un service … donne cette lettre au Clan … il est plus que temps que je leur donne signe de vie … »

Bruuk … silencieux comme une pierre regarda autour de lui … il hésita avant de crier bien haut et bien fort a son amie de longue date son plaisir de la retrouver en lui offrant bruyamment un grog assaisonné de quelques blagues naines … mais troublé par l’attitude et la discrétion dont elle faisait preuve, il resta silencieux et acquiesça.

« … aussi … remet cette lettre à … à … »

… elle était manifestement troublée … voila des semaines qu’elle ne pensait qu’a lui … mais cela faisait bientôt un mois qu’elle n’avait prononcé son nom.

« Donnes la a Feare … »


Bruuk perçu un instant la détresse dans les yeux de son amie qui un instant avait relevé la tête, la peine qu’il lu dans les yeux azur de celle qu’il considérait un peu comme sa fille lui ôta toute envie de sortir une de ses boutades habituelles, il répondit simplement.

« bien sur Melynn … repasse quand tu veux », et émit un sourire triste mais encourageant.

Touché par le contact chaleureux d’un ami, chose qu’elle n’avait ressenti depuis des semaines, Melynn glissa sa main sur celle du vieux nain un instant, le remerciant d’être toujours la quand ses amis en avait besoin, elle le remercia d’un sourire … un inconnu aurait sûrement jugé a ce sourire qu Melynn s’en allait sereine et apaisée … mais Bruuk savait que celle qui passait a l’instant le porche de sa Taverne en se faufilant comme une ombre avait le cœur torturé de milles tourments … et ne savait pas ou aller …



Lettre au Clan :

Citation :

Ma famille, mes frères et sœurs, mes amis …

J’ai subitement disparue, sans donner de novelles, sans prévenir personne ….égoïstement … sans me soucier de qui que ce soit.

La guerre … la paix … les peines et joies de ceux qui me sont proches … le Clan … ses affaires … tout ce qui fait ma vie et ce a quoi je tient … tout ce a quoi je me consacre et a coté de quoi je n’ai pas laissé assez de temps pour moi … je me suis oubliée … et je me suis perdue.

Il y a quelques temps, j’ai pris subitement la décision de partir en retraite … seule … de prendre un peu de temps pour moi … des événements que je n’aurait pu prévoir … m’ont beaucoup affectée … et j’ai mis un moment a me décider de sortir de mon isolement.

Je suis partie sans crier gare … et tout ce temps je n’ai pas donné le moindre signe de vie … je ne sais comment vous demander de me pardonner … encore une fois … j’en suis désolée.



Ma vie connaît un tournant … et il ne va pas être évident pour moi de refaire surface … de mettre de l’ordre dans ma tête, dans ma vie et dans mon cœur. Vous m’avez tous beaucoup manqué, et il me tarde de pouvoir a nouveau serrer dans mes bras chacun d’entre vous.

Je me suis un peu trop immergée cette solitude totale … et en sortir trop brutalement et me brusquer ne serait pas judicieux … j’ai besoin de la nature … elle me soutient … et me ressource … je revient a vous a petits pas … mais je revient sûrement. Les épreuves de la vie nous mettent parfois a terre … mais on s’en relève a chaque fois plus forte et déterminée.


Melynn

Lettre a Feare :

Citation :

Feare, mon pilier, ma faiblesse, mon amour …

Je n’ai pas trouver plus tôt la force de t’écrire, pardonne moi , j’était perdue … seule … dans le noir … j’ose enfin entrouvrir les yeux, mes larmes et ma solitudes ne me sont d’aucun secours, je t’aime et j’ai besoin de toi, de te voir … de te parler … d’entendre ta voix.

Depuis quelques temps j’avais réalisé la distance qui s’était installée entre nous, la vie et ses aléas nous ont éloignés l’un de l’autre. J’ai mis un long moment a l’accepter et je n’ai su comment réagir, comment combler ce vide qui nous séparait et me déchirait le coeur, je voyait les jours passer et mon sentiment d’impuissance croître, je perdait goût a tout … un matin je me suis levée et j’ai décider de partir … ailleurs … seule … pour réfléchir.

… mon sentiment de culpabilité ne rivalisait qu’avec mon impuissance devant cette situation qui m’échappait complètement, j’imaginait milles et unes manières de revenir vers toi, toutes plus insensées les unes que les autres, incapable de simplicité … ou tout simplement lâche …

Il m’avait fallu attendre de te voir de détruire pour réussir à t’avouer mes sentiments la première fois … et une nouvelle fois je me retrouvais a ressentir avec une intensité sans mesure ce sentiment que je me révèle incapable d’assumer … cet amour si pur, puissant et insensé.

J’aillait me résoudre a revenir a la raison … et a la civilisation … quand Souffle m’a remit cette lettre soigneusement emballée portant mon nom … ta lettre …



… cela fait bientôt un mois que je tente de comprendre …
… ce qui a pu t’arriver … nous arriver …
… comprendre ce que je ressens … pourquoi je ne t’en veux pas …
… pourquoi notre amour ne t’a pas suffit …



Je t’aime encore et plus que jamais, je ne peux arrêter de t’aimer … mais je ne peux me résoudre à encore t’aimer … et pourtant je le fait … c’est si simple mais si compliqué … je ne sais plus … je ne sais plus rien … comment commander mon cœur …

… comment …

… comment …


… Feare … mon Feare …

… aide-moi …



Melynn

Melynn

Feare rentrait de la fournaise.

Il était las ...

En franchissant la porte de la taverne il marqua une pause.

Il huma l'air.

Il regarda Bruuk et se précipita vers le comptoir.

-OU EST ELLE ?!

-Calme toi elle est repartie mais elle à laissé une lettre.

L'elfe lu le parchemin ... il referma le poins sur cette lettre jusqu'à ce que la sang s'écoule ...

-Je suis un monstre ...je l'ai détruite.

Shaana traversait la ville endormie, absorbée dans ses pensées. Encore une nuit blanche, une nuit sombre, où le sommeil n'avait apporté que son lot de larmes et de cauchemars...

Elle sortait de la taverne. Malgré les efforts évidents de la jeune femme pour passer innaperçue, Shaana n'eut aucune peine à reconnaitre la silouhette familière : Melynn.

Shaana se placa instanément contre le mur de la maison la plus proche, se fondant dans les ombres. Elle était revenue...

Une angoisse profonde lui tordit l'estomac et lui scia les jambes. Sa tête se mit à tourner alors que les sueurs froides dégoulinaient le long de ses tempes. Feare allait devoir subir, lui aussi, les affres du remord, la peine de faire mal à l'autre, la douleur profonde de perdre celui qu'on aime.
Il va être confronté au choix. Le choix.

Feare disait ne pas savoir choisir. Pourtant, tout comme elle, qu'il le veuille ou non, il devrait choisir. Shaana redoutait cet instant. Elle même ignorait encore de quoi serait fait son avenir. Elle savait juste qu'elle avait mal, si mal...

La silhouette s'éloignait. Elle aussi devait souffrir...
C'est quand on perd un être cher qu'on se rend compte à quel point il remplissait la vie, à quel point il pouvait compter. Shaana venait de l'apprendre à ses dépends. Il devait en être de même pour Melynn. Il en serait de même pour Feare...

La silouhette disparu au tournant d'une rue. Shaana ferma les yeux.
Elle savait qu'elle avait, aussi, perdu une amie....

Alongée dans l'herbe de sa nouvelle retraite, Melynn souriait ... cela ne lui était pas arrivé depuis des semaines ... la chaleur et le soutient du regard de Bruuk assurement ... Souffle est une compagne fidèle et affectueuse ... mais le contact de son viel ami lui avait rappelé cette chaleur qu'apporte ses liens .... liens d'amitié ... liens d'amour ...

... amour ...

.... Melynn arreta de penser ... elle ne l'avait que trop fait ces derniers temps ... toujours etendue dans les herbes elle fixa les cieux ,


"Une lune d'argent ... pure ... et immense ... quelques étoiles ...
Une belle nuit ... un peu moins triste que la precedente..."

... pourquoi ? ... Melynn n'en avait aucune idée ... la situation n'avait en rien changée ... pourtant ... enfin ... elle carresssait l'espoir de dissipper ce froid qui a envahissait son coeur, elle avait fait un premier pas ... ce n'etait rien, mais pourtant cela avait été si dur...

... elle se le jura ... elle ne retomberais pas dans le silence .

... bientot ... elle lui ferait signe ...
... bientot ... elle lui ferait savoir ou la trouver
... bientot ... le voir, le prendre dans ses bras, sentir son odeur, croiser son regard ...

... son regard ... Melynn savait quels sentiments elle risquait de trouver dans les yeux de Feare ... douleur, culpabilité, incompréhension ... mais aussi tendresse, compassion, amour ...

... elle avait conscience que l'inocence de leur retrouvailles ne serait que de courte durée ... que les mots ... que les regards ... feront saigner son coeur.


Pendant un instant Melynn failli retomber dans ses pensées si noires qui l'avaient fait sombrer dans l'isolement et le silence ... ces questions .... dont les reponses ne changeraient rien ... mais qu'on se pose irrémédiablement jusqu'a en perdre la raison ...

... pourquoi ? ... quand ? ... comment ? ... et surtout ..... qui ? ....

Non ... cela ne changeait rien ... c'était deja si compliqué ... melynn, s'interdisait de replonger dans ses tourments d'interogation qui l'avait reduite au silence ...

elle devait le voir, lui parler .... tout serait plus simple ...

... ou alors ? ...


Se rendant compte qu'encore une fois elle divagait, Melynn ferma les yeux et crispa ses poings, arrachant l'herbe qui caressait se doigts ... une larme perla au coin de ses yeux plissés par la douleur .

... elle devait dormir ... demain .... demain elle trouverait la force ...




Melynn

5è jour de la décade du Singe, Lune d'Agilité. Cinquière Ere.


Une douleur fulgurante traversa l'artefact qui jamais n'avait cessé de lier leurs âmes. Melynn ! Elle souffrait. Comment eut-il pu en être autrement de toutes façons ? Il fallait qu'il la voit, et il savait où la rencontrer. La traversée en bateau lui parut interminable, presque autant que le vol qui l'amena dans ce lieu étrange qui avait toujours représenté pour lui une sorte de "dernier refuge" et où il espérait la trouver.

Assis sur la roche affleurante, le visage caressé par un air rendu vif par l'altitude, il se concentra avec une rare intensité. Dans l'immensité de ce paysage de montagne, il ne fut bientôt plus tout à fait lui-même. La transe venait et l'emportait doucement. Une fois son esprit et son âme bien centrés, il laissa diffuser toute la compassion qu'il éprouvait, d'abord avec douceur, puis moins de retenue. Il puisa dans le secret de sa mémoire les sensations les plus douces pour en extraire toute la tendresse qu'il pouvait se permettre de d'émettre à destination de sa marraine. Et Elune savait combien son passé et son présent en étaient riches. Il aimait et il était aimé... et en cet instant il donnait en retour à celle à qui il devait en partie son affiliation au clan.

Comme une faible lueur dans des ténèbres angoissantes, il laissa grandir cette lumière en la nourrissant de ses incessantes évocations, la nourrissant instant après instant, la polissant comme un cristal vibrant pour lui donner la clarté d'une lanterne au coeur de la tourmente, le brillant d'un phare dans la nuit, l'éclat d'une étoile perçant les nuages dans un ciel chargé de noirceurs.

Pour elle.
Pour celle à qui il devait tant.

Il s'écoula presque une demi-journée avant que son corps ne demande grâce avec suffisamment de force pour faire entendre sa voix au coeur de la tension qui polarisait son âme. Melynn n'avait pu l'ignorer et il espérait qu'elle aurait pu alléger sa peine ou exploiter cette ressource pour trouver la volonté de faire ce qu'elle avait à faire. Il était épuisé, l'esprit faible et sans volonté.

Dans un dernier effort il s'obligea à boire et déchira entre ses dents la chair blanche et fade d'un fruit dont le goût échappait à ses sens anénantis. Il aurait dû prévenir sa Nilianée... ou sa bien-aimée... ou une de ses soeurs... Il avait tout donné. Pourvu que ça ne soit pas trop. Le tabard... comme son cristal... lui demandait... trop... de concentration... Echeyakee...

Lentement il sentit sa volonté s'éteindre comme une chandelle entièrement consumée. Il s'effondra lentement, contrecoup inévitable, et ne put que se laisser glisser le long du rocher à l'abri du vent avant de perdre connaissance.

Le lion des Tarides observa son maître d'un air inquiet, sans vraiment comprendre. Il fit ce que son instinct lui dicta : s'allonger aux côtés de son maître pour le réchauffer et lui infliger régulièrement un coup de langue râpeuse pour le stimuler. Il veillait.