Miroir de l'âme

Assise sur le sol, contre le mur de la taverne, Euphémia a retrouvé ses petites manies d'avant... d'avant...
enfin, d'avant quoi.

Le fusain glisse rapidement sur la feuille. C'est comme s'il avait une vie propre, Sa main n'est qu'un outil à son service. Elle ne commande pas ses gestes.

Le regard... Son regard...
il y avait si longtemps qu'elle n'avait plus osé se plonger dans le regard de quelqu'un.
tellement dangeureux... beaucoup trop douloureux.
Plus jamais, elle s'etait dit.
Mais ce soir, un moment de faiblesse, peut etre sa rencontre avec le Capitaine, elle ne sait pas... en tout cas, elle s'est laissé déborder.

Eronn...
Quand il est entré dans la taverne, elle a d'abord été intriguée. Quelque chose de.. different.... mais quoi ?
Sa voix ? plus posée ? plus grave ? à moins que ce soit sa façon de se tenir, plus droite ? non... c'est pas ça... ou oui, peut etre que c'est ça, mais il y a autre chose...
Il parle
Le fusain cherche.
Elle écoute.
Les pages du carnet à croquis se noircissent.

Citation :

personne n'a encore ouvert assez profondément la porte de mon âme pour comprendre.

La main suspend le dernier trait...

elle ferme les yeux. L'eau de la cascade éclabousse son visage.
- tu pleures, Euphy ?

Son coeur est lourd, si lourd, soudain...
plus jamais.
plus jamais.

Elle sort en courant de la taverne, laissant près de l'âtre le morceau de fusain et une boule de papier noirci.

Ah bah ça !
Qu'arrivait-il donc à sa nouvelle amie ?

Oh, il ne la connaissant pas encore beaucoup mais déjà il se sentait attiré par la sensibilité qu'il sentait à fleur de peau et lui donnait, à ses yeux, un charme très particulier. La seule façon dont elle s'était posée au pied du mur, petite boule d'humaine, lui avait inspiré, par cette image un peu nostalgique et qui trouvait écho en lui, une tendresse qu'il avait du mal à garder secrète.

Elle avait écouté Eronn, et quelque chose dans son regard s'était voilé.

Si elle ne s'était pas ainsi mise à l'écart, au pied des pierres de granit qui semblaient l'écraser, il ne l'aurait sans doute pas remarquée. Mais il avait vu, et se demandait quel sens donner à tout ça. Eronn lui-même ? Quelque chose entre eux ? Ou bien une résonnance malencontreuse avec un élément de son passé à elle ?

Il s'interrogea sur le bien fondé de la suivre, la rattraper et la réconforter. Mais qu'allait-il trouver à lui dire ? La tendresse qu'elle lui inspirait ? Il passerait au mieux pour un gamin attardé, au pire pour un pervers... Cette pensée le fit sourire... sourire de lui-même. Sa Nilianée lui avait pourtant appris qu'il n'avait pas à taire son coeur tant que son expression était maitrisée et sa position claire pour tous. Alors il trouverait les mots. Ca, en général, il savait faire. Donc soit, il se montrerait et il aviserait. Elle était surement assez grande pour le chasser si elle avait envie d'être seule. A lui de faire preuve du tact nécessaire pour tenter de percer sa vraie envie, qu'il reste auprès d'elle ou qu'il reparte sans chercher à comprendre.

Rapidement il ramassa le bout de fusain et l'esquisse chiffonnée que, dans sa fuite, elle avait laissé en arrière, et projetta devant lui ses sens de chasseur pour tenter de repérer sa cible. Du justesse il parvint à se jeter de côté pour éviter un cheval lancé au galop. Quelle horrible cité...

Il faut dire que bon, mon ehxubérance naturelle, ma tendance à exacerber les chose et surtout mon amour pour raconter stupidités, ça c'est Eronn qui se masque.

Euphémia, je ne sait à quoi tu pense mais j'aimerai le comprendre.

Les vieilles habitudes qui reviennent...
Comme celle de se mordre les levres pour ne rien ressentir d'autre que cette douleur physique, et le gout du sang dans sa bouche.

Elle m'a menti...
Taliesinn avait tord, elle n'arrivait pas à oublier, à sortir de l'eau du petit lac.
Depuis tout ce temps passé... elle devrait pouvoir simplement sourire à ce tendre souvenir...
Elle enrage de voir qu'il n'en est rien.
Talie... j'aurais du comprendre que sa blessure à elle etait toujours là, prète a revenir au moindre signe de faiblesse...

Son regard perdu s'attarde quelques secondes sur le passage qui menne vers le tram.
Stormwind...
La bibliothèque de l'abbaye...
son coin de grenier.

Elle étouffe un sanglot
Les livres, oui, mes livres adorés...