Le nain avançait lentement vers les troupes, sa toge blanche flottant doucement au vent.
La Croisée s’élevait à quelques pas, et les combattants se massaient à ses entrées, attendant fébrilement le prochain assaut.
Adressant un sourire aux deux jeunes elfes vêtues de blanc qui l’accompagnaient, le diplomate continua d’avancer vers les soldats, pressé de leur annoncer la merveilleuse nouvelle : il y était parvenu !
Lui dont on aimait tant entendre les histoires, dont seule la sagesse dépassait la bonté, avait longtemps conversé avec les meneurs de l’assaut. Au fil des arguments, des doux raisonnements aux fermes rappels, il était parvenu à toucher leur cœur, leur âme, révélant à leurs yeux l’erreur dans laquelle ils se trouvaient.
Les soldats de l’Alliance, leur véritable honneur enfin apparu devant leurs yeux, s’étaient retirés, remerciant le serviteur de la Lumière de les avoir éclairé tant qu’il en était encore temps.
La joie illuminant son visage, le nain fit encore quelques pas, discernant déjà sur le visage de certains la compréhension de son acte, observant la reconnaissance qui apparaissait dans leur yeux… avant que les ténèbres ne se fassent…
L’elfe cravachait son bélier depuis des heures. A l’annonce de l’attaque qui allait être lancée contre une autre citée de la Horde, il avait a la hâte attrapé ses affaires, puis avait foncé en direction de la Croisée, suivit par quelques uns des siens, espérant arriver a temps.
Arrivé en vue du village, il ralenti un peu, déjà soulagé par l’absence de flammes ou de fumée.
Ce n’est que quand il franchit la colline qu’il les vit…
Ces petites silhouettes recroquevillées, la toge blanche éclaboussée de sang, et de poussières.
Quelques membres de la Horde étaient respectueusement agenouillés autour des corps, et levèrent la tête vers les nouveaux arrivants, leur regard empli de tristesse.
Une des compagnons de l’elfe sauta a terre, courant vers les formes inanimées, son cri résonnant dans la pleine, ce cri ou se mêlait le désespoir, et l’incompréhension.
La jeune prêtresse pleura en silence, avant de doucement sécher ses larmes, et d’entamer une prière, pour guider les âmes des défunts vers ce lieu plein de lumière dont ils méritaient l’accès.
C’est à ce moment qu’ils apparurent…
Un petit groupe d’orcs sorti du village, pointant le doigt en direction des nouveaux arrivants.
Un sourire cruel aux lèvres, il avancèrent rapidement vers la prêtresse, sortant leur armes tandis que les personnes alentours tentaient de s’interposer, finissant jetées sur le coté.
Un sifflement retentit lugubrement, et la prêtresse fut projetée, un long trait fiché dans l’épaule.
Un rire sinistre retentit de la bouche de l’orc de tête, tandis que sa hache s’élevait…
avant de retomber lourdement sur le sol…
Les mains dressées encore fumantes, l’elfe avançait vers le groupe, fulminant de rage, cette rage contenue depuis si longtemps, qui faisait vibrer l’air autour de lui.
Tandis l’orc s’effondrait inerte sur le sol, les semblables qui le suivaient se tournèrent d’un bloc vers la source de l’éclair, rugissant de colère, avant de charger.
L’elfe puisa dans ses forces, et le ciel s’assombrit soudainement, un vent glacé se mettant a souffler. Les éléments se dechainerent contre les orcs, la foudre les frappant, le vent le glaçant les entrailles.
Un assaillant parvint au niveau de l’elfe… et fut fauché par une flèche qui alla se planter dans sa poitrine, l’envoyant voler, la surprise gravée sur son visage. La chasseresse montée sur son tigre sortit une autre flèche de son carquois, et l’encocha rapidement, la pointant sur les survivants.
- Partez, tant qu’il en est encore tant, ou vous rejoindrez vos amis…
Les orcs se regardent rapidement, puis tournèrent les talons avant de disparaître à la vitesse de l’éclair.
L’elfe s’agenouilla près de la jeune prêtresse, puis, murmurant des paroles apaisantes, appela les esprits de la nature pour apaiser la douleur de celle-ci. Il retira vivement la flèche, arrachant un hurlement a l’humaine, puis entreprit de guérir a blessure, une aura verte illuminant ses mains.
Se tournant vers un des chamans qui avaient tenté de s’interposer, il prit la parole, dans un taurhane hésitant.
- Je n’ai pas voulu ça…
- Nous non plus, jeune elfe, nous non plus… je comprends votre geste…
- Je ne laisserai plus personne mourir sous mes yeux…
La tristesse se mêlait à l’assentiment, dans les yeux du vieux tauren, et il se leva, avant de s’incliner lentement devant les deux elfes:
- C’est peut être ainsi qu’il doit en être… mais ne reniez pas votre cause. Continuez a poursuivre votre rêve, aussi difficile d’accès soit il, et ne cédez pas a la facilité.
Les deux elfes saisirent une dague a leur ceinture, puis, s’entaillèrent la main, avant de resserrer le poing, tandis que la chasseresse prenait la parole :
« Jamais les LunArgent n'iront crier Vengeance.
Jamais les LunArgent ne feront couler le sang par plaisir.
Jamais les LunArgent ne porteront le premier coup.
Mais plus jamais ils ne regarderont couler le sang de leurs frères sans réagir.
Plus jamais ils ne resteront impuissants devant les êtres avides de sang, quelque soit leur race.
Plus jamais ils ne laisseront les fous sanguinaires empêcher ceux qui manient les mots d'achever leurs phrases.
Aucun sang inutile ne sera versé.
Aucune haine n'habitera nos coeurs.
Les LunArgent sont et resteront ce qu'ils sont.
Mais en vie. Pour que perdurent la Paix et la Liberté ! »
En silence, les deux elfes ramassèrent les corps des diplomates, avant de les charger sur leurs montures.
Tandis qu’ils s’éloignaient, les nuages se dispersèrent doucement, révélant le ciel bleu et clair.
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