Les mots chantaient, berçant Shaana qui rêvassait. Le Barde avait entamé son deuxième chant, et son auditoire, envoûté, l’écoutait avec la plus grande attention.
Les combats s’étaient achevés dans le sang. Shaana avait échappé à la mort, curieusement, grâce au marteau d’un Paladin, qui l’avait assommée et laissée pour morte au bord du chemin. Hormis une grosse bosse sur le sommet du crane, elle ne souffrait d’aucune autre blessure.
Les LunArgents s’étaient installés à l’écart du combat, laissant derrière eux les derniers irréductibles tomber sous les coups de leurs ennemis. Ils n’étaient plus utiles. La Sainte Inquisition avait payé le prix de ses horreurs, les meurtriers avaient payé leur dette.
Le Barde les avait rejoins, fermant le cercle qu’ils avaient créé sans même s’en rendre compte. Shaana avait appris de sa mère à lire les symboles. Elle connaissait la signification du cercle. Le cercle de la Vie, le cercle du Temps toujours renouvelé, le cercle de la Lune…
Les LunArgent s’étaient regardés en silence. Le silence qui suit la fureur des combats, qui laisse ce goût amer sur la langue.
Le jeune Barde s’était présenté, et, comme pour effacer le sang et le fracas du métal, avait entonné un chant porteur d’amour et de douceur. Sa douce voix s’était élevée, couvrant le chant des oiseaux. Chacun s’était tut, écoutant les mots bercer les images, au rythme de sa harpe…
Les notes s’élevaient, en un accord parfait, se mêlant au chant des forêts. Il avait sa place au cœur de ces bois. Il faisait partie d’eux. Ses amis le nomme le Loup. Un loup bien tendre dont la voix troublante nous contait son amour passé et à venir.
Shaana rêvassait, mâchonnant un brin d’herbe. Son esprit vagabondait par delà les mots, rejoignant celui de cet elfe aux cheveux verts qui savait si bien bercer ses nuits. Les images de son amour, la chaleur de ses mots, le trouble de ses promesses se mêlaient au chant du Barde porté par le souffle du vent.
Elle ne l’écoutait plus. Elle se laissait porter par la mélodie et les intonations de la voix ou vibrait l’émotion. Il chantait avec son coeur, plus qu’avec sa voix. Il était de ces rares personnes à savoir transmettre son émotion au travers de ses mots et de son chant.
Quand le chant s’arrêta, le silence qui suivit était éloquent. Les larmes qui perlaient dans les yeux de ses sœurs valaient tous les applaudissements du monde.
Le Barde possédait du talent. Le talent qu’il fallait pour chanter les joies et les peines de ce monde, pour porter par delà les frontières le message de paix qui est le notre.
Crileloup est son nom. Un loup solitaire, qui, peut être, un jour, rejoindra sa meute…
Accueil 